Covid-19 : facteurs de risques d’hospitalisation et de décès à l’hôpital lors de la 2ème vague
Maladies chroniques, états de santé et risque d'hospitalisation et de décès hospitalier pour COVID-19 : analyse comparative de données des deux vagues épidémiques de 2020 en France à partir d’une cohorte de 67 millions de personnes
Une étude initiale réalisée par EPI-PHARE sur les données de la « première vague » épidémique a montré que l’âge était le principal facteur de risque d’hospitalisation et/ou de décès pour COVID-19 et que les patients présentant certaines comorbidités avaient un sur-risque.
L’objectif de cette nouvelle étude était d’analyser les facteurs de risques médicaux et socio-économiques associés au risque d’hospitalisation pour COVID-19 et de décès hospitalier lors de la 2nde vague épidémique de 2020 en France et comparer avec les résultats observés lors de la 1re vague. Etudier l’évolution de la mortalité à 30 jours entre les deux vagues au sein des patients hospitalisés pour COVID-19.
En France, le Système national des données de santé (SNDS), avec tous les remboursements et prestations de l’assurance maladie et les données hospitalières du PMSI, a permis d’estimer les risques d’hospitalisation pour motif principal ou relié au COVID-19 et de décès à l’hôpital pour COVID-19 associés à environ cinquante maladies ou états de santé . Une cohorte a été constituée avec toutes les personnes vivantes au 1/10/2020 et ayant eu au moins une prestation de soin remboursée après le 1/10/2019. Des modèles de Cox à risques proportionnels ont été utilisés pour estimer, par des hasards ratios (HR), les associations entre chaque comorbidité et le risque d’hospitalisation ou de décès pour COVID-19. Ces associations ont été réalisées après ajustement sur l’âge et le sexe, puis en incluant toutes les variables (hasards ratios ajustés HRa) ainsi que pour l’analyse comparative du risque de mortalité à 30 jours chez les patients hospitalisés entre les deux vagues.
Dans une population de 66 617 922 personnes sans antécédent d’hospitalisation pour COVID-19, 88 942 (134 pour 100 000) ont été hospitalisées entre le 1er octobre 2020 et le 15 décembre 2020. Parmi les personnes hospitalisées, 16 894 (25 pour 100 000) sont décédées à l’hôpital, soit environ une personne sur cinq.
Les patients hospitalisés pour COVID-19 lors de la 2ème vague étaient plus âgés et présentaient davantage de comorbidités que lors de la 1ère vague. Les 75 ans et plus représentaient 47% des patients hospitalisés durant la 2ème vague, contre 39 % pendant la 1ère. Inversement, les 30 – 59 ans représentaient 21 % des hospitalisations lors de la 2ème vague contre 30 % durant la 1ère.
À pathologie, âge et sexe identiques on observait une diminution globale de la mortalité hospitalière d’environ 10% entre la 1ère et la 2ème vague. Cette baisse concernait toutes les tranches d’âge inférieur à 90 ans. La diminution de la mortalité à l’hôpital était particulièrement importante chez les patients plus jeunes. Elle était ainsi de 40% pour les 30-59 ans, 30% pour les 60-64 ans, de 25% pour les 65-69 ans, de 17% pour les 70-74 ans, 14% pour les 75-79 ans et de 9% pour les 80-84 ans.
Les facteurs de risque d’hospitalisation et de décès sont restés globalement les mêmes lors des deux vagues, parfois un peu amplifiés pour la seconde vague. L’augmentation exponentielle du risque d’hospitalisation pour COVID-19 avec l’âge (plus de 8 fois plus élevé chez les 85 ans et plus par rapport aux 40-44 ans) ou de décès à l’hôpital pour COVID-19 (près de 200 fois plus élevé) était encore plus marquée que lors de la 1re vague. Les risques absolus d’hospitalisation et de décès chez les 85 ans et plus lors de la 2nde vague étaient respectivement 970 et 348 pour 100 000 et 773 et 278 pour 100 000 lors de la 1re vague quand davantage de patients âgés décédaient sans avoir été hospitalisés.
Comme lors de la 1re vague, les hommes, par rapport aux femmes, étaient plus à risque d’hospitalisation pour COVID-19 (HRa 1,50 [1,48-1,53]) et de décès à l’hôpital pour COVID-19 HRa 2,00 (1,93-2,07). Les affections chroniques étaient quasiment toutes positivement associées à des risques accrus d’hospitalisation pour COVID-19 et de décès à l’hôpital, à l’exception de la dyslipidémie qui était associée négativement. Comme pour la 1ère vague, les associations les plus fortes lors de la 2ème vague étaient retrouvées, pour l’hospitalisation et le décès, chez les personnes atteintes d’une trisomie 21 (HRa 10,3 [9,1-11,7] et 27,6 [20,0-38,3] respectivement), d’un retard mental (HRa 4,2 [3,9-4,6] et 5,8 [4,6-7,2] respectivement), d’une transplantation rénale (HRa 4,7 [4,3-5,1] et 6,0 [4,5-7,1] respectivement), d’une transplantation du poumon (HRa 4,1 [2,7-6,3] et 11,6 [4,8-28,0] respectivement), de mucoviscidose (HRa 2,5 [1,5-4,0], non estimable pour le risque de décès), d’insuffisance rénale en dialyse (HRa 3,5 [3,3-3,7] et 2,8 [2,5-3,1] respectivement) et de cancer actif du poumon (HRa 2,5 [2,3-2,7] et 2,9 [2,5-3,3] respectivement).
De façon identique à la 1ère vague, les analyses stratifiées montraient des associations plus fortes chez les patients de moins de 80 ans entre les risques de forme sévère de COVID-19 et certaines maladies chroniques telles que le diabète ou le cancer.
Les associations entre l’indice de défavorisation calculé selon la commune d’habitation et le risque de COVID-19 (hospitalisation avec COVID-19 ou décès) étaient plus fortes chez les personnes de moins de 80 ans, avec un risque de décès multiplié par deux chez les plus défavorisés par rapport au plus favorisés.
Retrouvez le rapport sur les risques d’hospitalisation et de décès pour Covid-19 lors de la 2ème vague épidémique