Méningiome intracrânien et acétates de nomégestrol et de chlormadinone : impact des mesures de réduction du risque
Évaluation de l’impact des mesures de réduction du risque de méningiome intracrânien lié à l’utilisation des acétates de nomégestrol et de chlormadinone
Contexte
Utilisatrices et professionnels de santé ont été informés en 2019 et 2020 par les autorités sanitaires d’un risque possible puis démontré de méningiome intracrânien associé à l’utilisation prolongée des progestatifs acétate de nomégestrol (3,75-5 mg) et de chlormadinone (5-10 mg). Des mesures nationales de réduction de ce risque ont été mises en place : envois de courriers (individualisés ou non), attestation d’information annuelle à signer par l’utilisatrice et le prescripteur, surveillance par IRM cérébrale en cas de traitement prolongé, et arrêt du traitement en cas de méningiome diagnostiqué.
Objectif
L’objectif de notre étude était d’évaluer l’impact des mesures de réduction du risque de méningiome intracrânien sur l’utilisation de ces progestatifs et sur le nombre de méningiomes opérés chez les femmes exposées.
Méthodes
Les données du SNDS ont été utilisées sur la période 2010 à 2023, afin de décrire l’évolution de l’utilisation mensuelle de nomégestrol/chlormadinone en termes de prévalence, d’initiation (pas de traitement par acétates de nomégestrol ou de chlormadinone dans l’année précédente), et d’arrêts (pas de délivrance d’acétate de nomégestrol ou de chlormadinone durant 6 mois consécutifs), mais aussi le report éventuel des utilisatrices vers d’autres progestatifs en cas d’arrêt.
Nous avons également mesuré l’évolution de la part des femmes ayant réalisé une IRM cérébrale à un an et à cinq ans de traitement, et la part de femmes opérées d’un méningiome intracrânien parmi les femmes exposées aux progestatifs étudiés au cours de l’année précédente.
Résultats
Entre 2019 et 2023, un effondrement de l’utilisation de nomégestrol/chlormadinone a été observé avec -97% d’utilisation (261 540 utilisatrices/mois en janvier 2019 versus 8 879 en décembre 2023) et -95% d’initiations mensuelles (de 18 000 nouvelles utilisatrices par mois environ début 2019, à 1 000 nouvelles utilisatrices environ fin 2023). Les femmes exposées plus d’un an aux progestatifs d’intérêt ont réalisé plus d’IRM (22% en 01/2023 versus 5% en 01/2019). Nous avons observé une forte progression des arrêts avec un maximum de 24% en février 2022 dans le mois suivant la date d’envoi de courriers individualisés, et un report des prescriptions vers le désogestrel et la médrogestone dans 16% et 4% des cas, respectivement. Si la part des femmes réalisant une IRM suite aux mesures réglementaires a augmenté au cours du temps, elles ne sont qu’une sur 4 à réaliser cette imagerie après un an de traitement, et moins d’une sur deux à cinq ans de traitement en 2023, des taux plus faibles que lors des mesures d’impact des mesures concernant l’acétate de cyprotérone. Enfin, le nombre de méningiomes opérés attribuables à l’exposition au nomégestrol/chlormadinone a été divisé par 10 en cinq ans (152 femmes en 2018, contre 15 en 2023).
Conclusion
Les mesures de réduction du risque de nomégestrol/chlormadinone ont permis une baisse très importante des méningiomes opérés attribuables à leur utilisation et du recours aux deux produits. Cependant, un report de prescriptions vers d’autres progestatifs potentiellement à risque de méningiome nous oblige à poursuivre la vigilance.
Évaluation de l’impact des mesures de réduction du risque de méningiome intracrânien lié à l’utilisation des acétates de nomégestrol et de chlormadinone