Exposition aux macrolides au premier trimestre de grossesse et risque de malformations congénitales majeures par rapport à l’amoxicilline
Contexte
Bien que les macrolides fassent partie des antibiotiques fréquemment prescrits aux femmes enceintes, les preuves de leur innocuité pour le fœtus restent contradictoires. Cette étude visait à évaluer le risque de malformations congénitales majeures (MCM) après une exposition aux macrolides au cours du premier trimestre par rapport à l’amoxicilline, en se concentrant sur des sous-types spécifiques de MCM.
Méthodes
Cette étude de cohorte nationale a utilisé les données du Registre Mère-Enfant EPI-MERES construit à partir du Système National des Données de Santé (SNDS). Les grossesses et les enfants uniques nés vivants entre le 1er janvier 2010 et le 31 décembre 2020 ont été inclus. Le groupe exposé aux macrolides comprenait les grossesses pour lesquelles une ou plusieurs prescriptions de macrolides systémiques (érythromycine, spiramycine, roxithromycine, josamycine, clarithromycine et azithromycine) avaient été délivrées au cours du premier trimestre. Le groupe de comparaison comprenait les grossesses exposées à l’amoxicilline au cours du premier trimestre. Les risques relatifs ajustés (aRR) et les intervalles de confiance (IC) à 95 % ont été estimés par régression log-binomiale pour l’ensemble des MCM et pour les MCM individuelles ayant une prévalence d’au moins une pour 10 000 enfants nés vivants dans le groupe d’exposition aux macrolides.
Résultats
Parmi les 7 644 579 grossesses éligibles, 140 708 exposées aux macrolides et 592 652 exposées à l’amoxicilline ont été incluses. Après ajustement sur les facteurs de confusion mesurés, l’exposition aux macrolides au cours du premier trimestre n’a été associée à aucune MCM dans l’ensemble (aRR 1,00, IC à 95 % 0,96 à 1,05) par rapport à l’amoxicilline. Plus précisément, aucune augmentation du risque n’a été constatée pour la plupart des MCM individuelles.
Cependant, une augmentation du risque de spina bifida (aRR 1,82, 95% CI 1,22 à 2,71) et de syndactylie (aRR 1,65, 95% CI 1,06 à 2,58) a été observée. La différence de risque ajustée pour 10 000 enfants nés vivants était de 1,15 (IC à 95 % : 0,26 à 2,05) pour le spina bifida et de 0,87 (IC à 95 % : 0,01 à 1,72) pour la syndactylie. Les analyses de sensibilité ont systématiquement donné des estimations ponctuelles élevées pour ces deux MCM, malgré des intervalles de confiance larges et un petit nombre d’événements. Une confusion résiduelle par indication est possible.
Conclusion
Les résultats indiquent que l’exposition aux macrolides pendant le premier trimestre de grossesse n’est pas fortement associée à un risque accru pour la plupart des MCM individuelles, ce qui est rassurant. Cependant, un risque accru de spina bifida et de syndactylie reste possible. De futures études sont nécessaires pour approfondir ces observations.
Retrouvez l’article sur le site de PLOS Medicine