Le 7 avril 2022

Myocardite et péricardite après la vaccination Covid-19

Association entre les vaccins COVID-19 à ARN messager et la survenue de myocardite et péricardite chez les personnes de 12 à 50 ans en France - Nouvelle étude basée sur les données actualisées au 31 octobre 2021
Contexte

Depuis avril 2021, des cas de myocardite et de péricardite ont été signalés après l’administration de vaccins Covid-19 à ARN messager (ARNm). Une évaluation à grande échelle du risque de chaque vaccin est nécessaire pour éclairer les décisions publiques. Dans une étude précédente portant sur l’ensemble des cas de myocardite et de péricardite survenus en France chez des personnes âgées de 12 à 50 ans entre le 15 mai et le 31 aout 2021, nous avions mis en évidence des risques augmentés d’hospitalisation pour myocardite ou péricardite dans les 7 jours après l’administration de chacun des deux vaccins à ARNm, BNT162b2 (Comirnaty®, Pfizer-BioNTech) et mRNA-1273 (Spikevax®, Moderna). L’association était la plus marquée chez les personnes de 12 à 29 ans et après la deuxième dose du vaccin mRNA-1273. Les résultats montraient également une évolution clinique des cas généralement favorable à très court terme, au vu de la courte durée d’hospitalisation et de l’absence de décès lors du séjour à l’hôpital parmi les patients exposés à une vaccination récente.

La nouvelle analyse que nous présentons ici inclut les cas survenus jusqu’au 31 octobre 2021.

Les objectifs de cette analyse actualisée sont de compléter l’étude afin de mieux préciser les estimations de risques parmi les adolescents et les jeunes adultes et de décrire plus finement la sévérité des cas de myocardites et péricardites survenant après la vaccination.

 

Méthodes

Une étude cas-témoins appariés a été menée à partir des données du Système National des Données de Santé (SNDS) chaînées aux données des systèmes nationaux d’information sur la vaccination contre le COVID-19 (VAC-SI) et sur les tests de dépistage du SARS-CoV-2 (SI-DEP).

Nous avons analysé l’ensemble des cas confirmés de myocardite et de péricardite chez des personnes âgées de 12 à 50 ans hospitalisées entre le 12 mai et le 31 octobre 2021. Chaque cas a été apparié à la date d’admission à l’hôpital sur l’âge, le sexe et la zone de résidence à 10 témoins sélectionnés aléatoirement dans la population générale.

En utilisant des modèles de régression logistique conditionnelle, nous avons estimé les odds-ratios d’hospitalisation pour myocardite ou péricardite associés à la première et à la deuxième dose de chaque vaccin dans les 21 jours précédents, séparément selon le sexe et l’âge.

 

Résultats

Entre le 12 mai et le 31 octobre 2021, 46 millions de doses de vaccins à ARNm ont été administrées à des personnes de 12 à 50 ans en France, et 21 et 2,9 millions d’entre elles respectivement ont reçu au moins une dose des vaccins BNT162b2 et mRNA-1273. Un total de 1612 cas de myocardite et 1613 de péricardite survenus chez des personnes vaccinées et non vaccinées ont été appariés à respectivement 16 120 et 16 130 témoins.

Le risque de myocardite et de péricardite est augmenté au cours de la première semaine suivant l’administration des deux vaccins chez les hommes et les femmes. Le risque de myocardite est le plus marqué après la deuxième dose de mRNA-1273, avec des odds-ratios atteignant respectivement 44 [IC95%, 22-88] et 41 [12-140] parmi les hommes et les femmes âgés de 18 à 24 ans. L’excès estimé de cas de myocardite est le plus important chez les hommes entre 18 et 24 ans, atteignant 4,7 [3,8-5,8] cas pour 100 000 deuxièmes doses de BNT162b2 et 17 [13-23] cas pour 100 000 deuxièmes doses de mRNA-1273. Ces taux correspondent à un cas de myocardite attribuable à la vaccination pour l’administration de 21 100 [17 400-26 000] deuxièmes doses de BNT162b2 et 5 900 [4 400-8 000] deuxièmes doses de mRNA-1273. Un risque augmenté de péricardite est également retrouvé dans les 7 jours après la deuxième dose de chaque vaccin chez les hommes et les femmes de 12 à 50 ans.

La durée de séjour hospitalier des cas survenus après exposition récente à un vaccin à ARNm (4 jours en médiane) est équivalente à celle des non vaccinés. En revanche, séjour en réanimation, ventilation, et décès étaient moins fréquents en cas d’hospitalisation après exposition à un vaccin à ARNm. Par ailleurs, l’infection par le SARS-CoV-2 dans le mois précédent est fortement associée à la survenue de myocardite (odds-ratio ajusté : 9,0 [6,4–13]) ou de péricardite (odds-ratio ajusté: 4,0 [2,7–5,9]).

 

Conclusions

Cette étude confirme et mesure l’amplitude d’un risque accru de myocardite et de péricardite dans la semaine suivant la vaccination contre le Covid-19 par les vaccins à ARNm, en particulier la deuxième dose du vaccin mRNA-1273, chez les hommes et les femmes âgés de 12 à 50 ans. Les cas de myocardite et de péricardite suivant la vaccination n’apparaissent pas plus graves que ceux survenant en dehors de la vaccination.

Téléchargement du rapport d'étude

Retrouvez le rapport sur le risque de myocardite et péricardite après la vaccination Covid-19