Le 28 mars 2024

Progestatifs et risque de méningiome intracrânien

Des membres d'EPI-PHARE co-signent un article dans la revue BMJ :

Use of progestogens and the risk of intracranial meningioma: national case-control study

 
Objectifs de l’étude

Évaluer le risque de méningiome intracrânien associé à l’utilisation de certains progestatifs.

 

Design

Étude cas-témoins au niveau national, à partir des données du Système national des données de santé (SNDS).

 

Participants

Sur un total de 108 366 femmes, 18 061 femmes résidant en France et ayant subi une chirurgie intracrânienne pour méningiome entre le 1er janvier 2009 et le 31 décembre 2018 (périodes d’inclusion restreintes pour les systèmes intra-utérins) ont été considérées comme faisant partie du groupe des cas. Chaque cas a été apparié à cinq témoins sur l’année de naissance et la région de résidence (90 305 témoins).

 

Principal critère de jugement

Les progestatifs étudiés étaient : progestérone, hydroxyprogestérone, dydrogestérone, médrogestone, acétate de médroxyprogestérone, promégestone,
diénogest et lévonorgestrel intra-utérin. Pour chaque progestatif, l’utilisation a été définie par au moins une dispensation dans l’année précédant la date index (dans les trois ans pour les systèmes intra-utérins au lévonorgestrel de 13,5 mg et dans les cinq ans pour ceux de 52 mg).
La régression logistique conditionnelle a été utilisée pour calculer le rapport de cotes pour chaque association méningiome/progestatif.

 

Résultats

L’âge moyen était de 57,6 ans (écart-type 12,8). Les analyses ont montré un excès de risque de méningiome avec l’utilisation de médrogestone (42 cas exposés/18 061 cas (0,2 %) contre 79 témoins exposés/90 305 témoins (0,1 %), odds ratio 3,49 (intervalle de confiance à 95 % : 2. 38 à 5,10)), d’acétate de médroxyprogestérone (injectable, 9/18 061 (0,05 %) v 11/90 305 (0,01 %), odds ratio 5,55 (IC95 : 2,27 à 13,56)), et de promégestone (83/18 061 (0,5 %) v 225/90 305 (0,2 %), odds ratio 2,39 (IC95 : 1,85 à 3,09)). Cet excès de risque était dû à une utilisation prolongée (≥ 1 an).

Les résultats n’ont montré aucun excès de risque de méningiome intracrânien pour les systèmes intra-utérins à la progestérone, à la dydrogestérone ou au lévonorgestrel. Aucune conclusion n’a pu être tirée concernant le diénogest ou l’hydroxyprogestérone en raison du faible nombre de personnes ayant reçu ces médicaments. Un risque fortement accru de méningiome a été observé pour l’acétate de cyprotérone (891/18 061 (4,9%) v 256/90 305 (0,3%), odds ratio 19,21 (intervalle de confiance à 95% 16,61 à 22,22)), l’acétate de nomégestrol (925/18 061 (5. 1%) v 1121/90 305 (1.2%), odds ratio 4.93 (IC95 : 4.50 à 5.41)), et l’acétate de chlormadinone (628/18 061 (3.5%) v 946/90 305 (1.0%), odds ratio 3.87 (IC95 : 3.48 à 4.30)), qui ont été utilisés comme témoins positifs pour l’utilisation.

 

Conclusion

L’utilisation prolongée de médrogestone, d’acétate de médroxyprogestérone et de promégestone augmente le risque de méningiome intracrânien. L’augmentation du risque associé à l’utilisation de l’acétate de médroxyprogestérone injectable, un contraceptif largement utilisé, et la sécurité des systèmes intra-utérins au lévonorgestrel sont de nouvelles découvertes importantes.

Accès à l'article

Retrouvez l’article sur le site du BMJ