Le 4 mai 2020

Covid-19 : usage des médicaments de ville en France

Rapport 2 : Point de situation après 5 semaines de confinement (jusqu’au 19 avril 2020)

EPI-PHARE publie une mise à jour de son étude sur la dispensation de médicaments remboursés sur ordonnance en pharmacie d’officine depuis le début de l’épidémie en France.

 

Les résultats après 5 semaines de confinement en France montrent un retour vers une consommation normalisée des traitements de pathologies chroniques depuis la mi-avril, après un phénomène initial de «stockage» au cours des 2 premières semaines du confinement.

 

Qu’est-ce que l’on savait déjà sur le sujet après les deux premières semaines de confinement en France ?

  • L’épidémie de Covid-19 a déstabilisé temporairement le système de soins pour la prise en charge des autres pathologies, malgré le recours aux téléconsultations qui ont pu pallier partiellement et amortir des difficultés pour de nombreuses situations, et la possibilité réglementaire depuis le 20 mars d’utiliser des ordonnances « périmées » pour renouveler des traitements de maladies chroniques.

 

  • Il y a eu au début du confinement un stockage par les patients de médicaments prescrits pour des pathologies chroniques, notamment les traitements des pathologies cardiovasculaires (antihypertenseurs, statines…) et du diabète (insuline et antidiabétiques oraux), des troubles mentaux (antidépresseurs, anxiolytiques…), de maladies neurologiques (épilepsie, maladie de Parkinson, sclérose en plaques…), endocriniennes (dysthyroïdie) ou respiratoires (asthme, broncho-pneumopathie chronique obstructive).

 

Qu’est-ce que l’étude apporte de nouveau après 5 semaines de confinement en France ?

  • Après un stockage initial de médicaments pour les pathologies chroniques, la semaine 15 (du 6 au 12 avril) a été marquée par une sous-consommation avant un retour vers une consommation normalisée en semaine 16 (du 13 au 19 avril).

 

  • Pour les traitements dont l’administration nécessite impérativement le recours physique à un professionnel de santé il y a eu un effondrement de la consommation sur toute la période des 5 semaines de confinement, qui persistait en semaine 16 : -35% à -71% pour les vaccins ; -40% pour le traitement ophtalmologique de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), -68% pour les dispositifs contraceptifs intra-utérins (DIU, stérilets) avec progestatif. Les produits destinés aux actes diagnostiques médicaux : préparations pour coloscopie (-82%), produits iodés pour scanner (-66%), produits de contraste pour IRM (-67%) ont également connu une forte baisse. Les examens non pratiqués, indispensables pour diagnostiquer certains cancers ou maladies graves en poussée, pourraient entraîner des retards de prise en charge.

 

  • On observait aussi une forte baisse de consommation durant le confinement qui persistait en semaine 16 pour d’autres traitements médicamenteux pouvant être prescrits en aigu ou en chronique : corticothérapie orale (-64%), antiinflammatoires non stéroïdiens ou AINS (-70%), antibiothérapie systémique (-37%), antiulcéreux de type inhibiteurs de la pompe à proton ou IPP (-13%).

 

  • Pour le traitement du Covid-19 les achats sur prescriptions médicales de chloroquine et hydroxychloroquine ont été limités dans le temps, en lien avec la médiatisation de ce traitement potentiel (pics respectivement le 27 février et le 8 mars) ; l’association hydroxychloroquine et azithromycine, qui n’était qu’exceptionnellement utilisée avant l’épidémie de Covid-19, a bondi de 7 000% en semaine 13 pour atteindre environ 10 000 patients. La dispensation d’ibuprofène a été quasiment arrêtée à la suite des messages des autorités sanitaires, tandis que la délivrance sur ordonnance de paracétamol a atteint jusqu’à 1 million de patients par jour le 16 mars.

 

  • Il existait des particularités pour certaines populations : pour les personnes résidant dans les zones favorisées socialement on observait une tendance à un plus grand recours à l’hydroxychloroquine (seule ou associée à l’azithromycine) pour le Covid-19, et un taux de stockage des médicaments de pathologies chroniques un peu supérieur. Les enfants ont été peu médicalisés durant le confinement, constat pouvant s’expliquer par un possible effet de l’arrêt de la circulation de tous les virus (hors SARS-CoV-2) et autres agents infectieux avec la fermeture des crèches et établissements scolaires, mais aussi une moindre vaccination et une baisse importante de certaines prises en charge. Pour la contraception d’urgence et la procréation médicalement assistée, on observe une moindre prise en charge qui perdure depuis le début de l’épidémie de Covid-19.

 

 

Téléchargement du rapport d'étude

Retrouvez le rapport d’étude sur l’usage des médicaments de ville en France durant l’épidémie de Covid-19 – point de situation après 5 semaines de confinement (jusqu’au 19 avril 2020)