Le 24 juillet 2025

Exposition prénatale aux anti-épileptiques au cours de la dernière décennie

Contexte et objectifs

L’exposition prénatale à certains médicaments anti-épileptiques (MAEs) est associée à des risques avérés ou suspectés de malformations congénitales et de troubles du développement neurologique. Des données à grande échelle et en vie réelle sont essentielles pour orienter les efforts visant à atténuer ces risques. Notre objectif était d’évaluer les tendances de l’exposition prénatale aux MAEs au cours de la dernière décennie en France en fonction des profils de sécurité des médicaments.

 

Méthodes

Cette étude nationale repose sur les données exhaustives du Registre national français mère-enfant EPI-MERES. Toutes les grossesses exposées aux MAEs qui se sont terminées entre 2013 et 2021 ont été incluses. La fréquence et les caractéristiques des grossesses exposées aux MAEs (données sociodémographiques maternelles et morbidités, issue de la grossesse, modalités de traitement par des MAEs) ont été évaluées en tenant compte des 3 catégories de MAE classés selon leur profil de sécurité : (i) MAEs considérés comme les moins risqués (lamotrigine, létiracétam) ; (ii) MAEs à risque incertain, y compris la prégabaline, la gabapentine, et les MACs les plus récents (par ex. lacosamide et zonisamide) ; (iii) les MAEs à risque reconnu, dont l’acide valproïque, le valpromide, la carbamazépine et le topiramate.

 

Résultats

Entre 2013 et 2021, 55 801 grossesses ont été exposées à plus ou moins 1 MAE. Le nombre de grossesses exposées aux MAEs les moins risqués a augmenté de 30 % sur cette période. En parallèle, l’exposition prénatale à l’acide valproïque et au valpromide a considérablement diminué en raison de la baisse du nombre de grossesses exposées (-84% et -89%, respectivement), de l’augmentation du taux d’interruption des grossesses exposées (+23% et +28%, respectivement) et, parmi celles qui se sont terminées par un accouchement, de la baisse du nombre de grossesses ayant fait l’objet de plusieurs délivrances de valproate (-86% et -93%, respectivement) ou d’une exposition soutenue tout au long de la grossesse (-91% et -96%, respectivement).

L’exposition prénatale à la carbamazépine et au topiramate a très légèrement diminué, avec près de 600 nouveau-nés encore exposés à chacun de ces MAEs en 2019-2021. La prégabaline et la gabapentine ont pour leur part été largement utilisées pendant la grossesse, ce qui a entraîné une exposition prénatale de plus en plus importante des nouveau-nés (+28 %) et, pour la prégabaline, de plus en plus de délivrances multiples (+65 %) et une exposition soutenue tout au long de la grossesse (+171 %).

Le nombre de grossesses et de nouveau-nés exposés aux MAEs les plus récents a également fortement augmenté (+140% et +60%, respectivement). Globalement, l’exposition prénatale aux MAEs à risque avéré ou incertain concerne de façon disproportionnée les femmes enceintes à faible niveau de ressources (18,5% et 17,9%, respectivement, contre 13-14% parmi les grossesses exposées aux MAEs les moins risqués ou non exposées aux MAEs).

 

Discussion

Malgré le passage du valproate à des médicaments anti-épileptiques moins risqués, l’exposition prénatale à d’autres MAEs présentant des risques reconnus ou incertains a persisté, voire augmenté, en particulier parmi les populations les plus défavorisées sur le plan social, ce qui nécessite des mesures supplémentaires de minimisation des risques.

 

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