Le 8 avril 2024

Utilisation de Beyfortus® en ville lors de la première campagne de prévention

Utilisation du Nirsévimab (Beyfortus®) en ville en France lors de la première campagne de prévention (saison 2023/2024)

Le virus respiratoire syncytial (VRS) est la principale cause d’hospitalisation des nourrissons et des enfants de moins de 1 an. Le nirsévimab (Beyfortus®), un nouveau traitement préventif des bronchiolites à VRS autorisé dans l’UE depuis octobre 2022, montrant une efficacité de ≈75% dans la réduction des hospitalisations pour infections des voies respiratoires inférieures associées au VRS dans les essais cliniques, a reçu un avis favorable de la Haute Autorité de Santé pour son remboursement en août 2023. Ainsi, la première campagne d’immunisation par le nirsévimab ciblant les nouveau-nés et nourrissons lors de leur première saison d’exposition au VRS a démarré le 15 septembre 2023 en France métropolitaine. Ce traitement préventif était recommandé pour une administration avant la sortie de la maternité aux nouveaux nés et sur ordonnance médicale en ville pour les nourrissons nés à partir du 6 février 2023.

 

Dans ce rapport, nous décrivons l’utilisation du nirsévimab en ville en utilisant les données du Système National des Données de Santé (SNDS) (la remontée des données hospitalières concernant ce produit dans le SNDS n’étant pas exhaustive).

 

Ainsi, parmi les 330 381 enfants nés entre le 6 février 2023 et le 15 septembre 2023, 42 290 (12.8%) ont reçu le nirsévimab en ville entre le 15 septembre 2023 et le 31 janvier 2024 avec un âge moyen à la dispensation de 5 mois. La dispensation en ville très élevée pour les mois de septembre et octobre 2023, a été suivie d’une forte diminution en novembre et d’une légère ré-augmentation en décembre 2023. La dose de 100 mg était largement la plus dispensée (98.2%). La distribution régionale des délivrances était assez comparable (≈ 13%) sauf pour la Bourgogne-Franche-Comté (7,9%) et l’Occitanie (10,6%) qui avaient des taux plus bas de délivrance et la Corse (17%) qui avait un taux plus élevé. Les enfants nés en mai, juin et juillet 2023 sont ceux qui ont reçu le plus le nirsévimab par rapport à ceux nés un peu plus tôt dans l’année en février, mars et avril 2023. Une disparité entre les sexes existait, avec plus de garçons recevant le nirsévimab que de filles (52,6 vs. 47,4 %). Les indicateurs socioéconomiques évoquaient un fort déséquilibre entre les enfants qui ont pu bénéficier ou non du nirsévimab. En effet, les enfants n’ayant pas reçu le traitement étaient plus souvent issus de foyers bénéficiant de la complémentaire santé solidaire (25,8 vs. 10,7 %), avaient plus recours à des consultations auprès de services de PMI (9,1 vs. 5,8 %), étaient plus souvent nés dans des établissements publics (73,8 vs. 65,4 %) et étaient plus souvent issus de communes plus défavorisées (FDep 5ème quintile (plus défavorisé) : 21,0 vs. 12,7%).

 

En conclusion, des tendances fortes de disparités socio-économiques ont été identifiées lors de cette première campagne de prévention des infections à VRS par le nirsévimab (Beyfortus®) en ville. Bien que le nirsévimab soit remboursé par les fonds publics et recommandé pour tous les nouveaux nés et les jeunes nourrissons nés à partir du 6 février 2023, seuls 12,8% des nourrissons éligible à une administration en ville ont été immunisés et d’importantes inégalités socio-économiques ont été constatées. Ces résultats ont des implications importantes et peuvent aider à implémenter des efforts visant à réduire les disparités sociales en matière de santé lors des prochaines campagnes de prévention contre la bronchiolite à VRS.

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Utilisation du Nirsévimab (Beyfortus®) en ville en France lors de la première campagne de prévention (saison 2023/2024)