Le 3 mai 2024

Assistance médicale à la procréation et risque de cancer chez les enfant

Des membres d'EPI-PHARE et de l'Inserm co-signent un article dans la revue JAMA Network OPEN :

Medically Assisted Reproduction and Risk of Cancer Among Offspring

 
Contexte

Le cancer est l’une des principales causes de décès chez les enfants dans le monde. Les traitements utilisés pour l’assistance médicale à la procréation (AMP) sont soupçonnés d’être des facteurs de risque en raison de leur potentiel de perturbation épigénétique et des malformations congénitales qui y sont associées.

 

Objectif

Évaluer le risque de cancer, globalement et par type de cancer, chez les enfants nés après AMP par rapport aux enfants conçus naturellement.

 

Design

Cette étude de cohorte à partir du Registre national français mère-enfant (EPI-MERES) a inclus toutes les naissances vivantes survenues en France entre le 1er janvier 2010 et le 31 décembre 2021 (et suivies jusqu’au 30 juin 2022). EPI-MERES a été construit à partir des données complètes du Système national de données de santé (SNDS). L’analyse des données a été réalisée du 1er décembre 2021 au 30 juin 2023.

 

Exposition

Recours aux techniques d’assistance médicale à la procréation (AMP), telles que le transfert d’embryons frais (TEF) ou le transfert d’embryons congelés (TEC), et l’insémination artificielle (IA).

 

Résultats et mesure

Le risque de cancer a été comparé, globalement et par type de cancer, entre les enfants nés après un transfert d’embryon frais, un transfert d’embryon congelé ou une insémination artificielle et les enfants conçus naturellement, à l’aide de modèles de régression des risques proportionnels de Cox ajustés en fonction des caractéristiques de la mère et de l’enfant à la naissance.

 

Principaux résultats

Cette étude a inclus 8 526 306 enfants avec un âge moyen (SD) de 6,4 (3,4) ans ; 51,2% étaient des garçons, 12,1% étaient petits pour l’âge gestationnel à la naissance, et 3,1% avaient une malformation congénitale. 260 236 enfants (3,1 %) sont nés après AMP, dont 133 965 (1,6 %) après un TEF, 66 165 (0,8 %) après un TEC et 60 106 (0,7 %) après une IA.

Au total, 9256 cas de patients atteints de cancer ont été identifiés au cours d’un suivi médian de 6,7 (IQR, 3,7-9,6) ans ; 165, 57 et 70 enfants sont nés après un TEF, un TEC et une IA, respectivement.

Le risque global de cancer ne différait pas entre les enfants conçus naturellement et ceux nés après un TEF (rapport de risque [RR], 1,12 [IC à 95 %, 0,96 à 1,31]), un TEC (RR, 1,02 [IC à 95 %, 0,78 à 1,32]) ou une IA (RR, 1,09 [IC à 95 %, 0,86 à 1,38]). Toutefois, le risque de leucémie lymphoblastique aiguë était plus élevé chez les enfants nés d’une TEC (20 cas ; HR 1,61 [IC à 95 %, 1,04 à 2,50] ; différence de risque [RD], 23,2 [IC à 95 %, 1,5 à 57,0] par million d’années-personnes) que chez les enfants conçus par voie naturelle. En outre, parmi les enfants nés entre 2010 et 2015, le risque de leucémie était plus élevé chez les enfants nés après un TEF (45 cas de patients ; HR, 1,42 [IC à 95 %, 1,06 à 1,92] ; RD ajusté, 19,7 [IC à 95 %, 2,8 à 43,2] par million d’années-personnes).

 

Conclusion

Les résultats de cette étude de cohorte suggèrent que les enfants nés après un TEF ou un TEC présentent un risque accru de leucémie par rapport aux enfants conçus naturellement. Ce risque, bien que résultant d’un nombre limité de cas, doit être surveillé compte tenu de l’augmentation continue de l’utilisation des traitements antirétroviraux.

Accès à l'article

Retrouvez l’article sur le site du JAMA Network Open