Le 3 avril 2023

Finastéride et risque suicidaire

Contexte

Le finastéride, un inhibiteur de la réductase utilisé dans lhyperplasie bénigne de la prostate et lalopécie androgénétique, a été associé à un risque suicidaire accru, sans savoir si ce risque est similaire à celui dun autre inhibiteur de la réductase, le dutastéride.

 

Objectif et méthode

Nous avons cherché à évaluer le risque de comportements suicidaires avec le finastéride par rapport au dutastéride. Une étude de cohorte nationale a été menée à partir du Système National des Données de Santé (SNDS).

Les hommes âgés de 50 ans ou plus ayant commencé à prendre du finastéride 5 mg ou du dutastéride 0,5 mg en France entre le 1er janvier 2012 et le 30 juin 2016 ont été inclus et suivis jusquau critère de jugementnt (décès par suicide identifié sur le certificat de décès ou hospitalisation pour automutilation), larrêt ou le changement de traitement, le décès, ou jusqu’à la date du 31122016. Les automutilations violentes ou ayant entraîné une admission en unité de soins intensifs ont également été examinées.

Les modèles de risques proportionnels de Cox ont contrôlé lâge et les conditions psychiatriques et nonpsychiatriques par la pondération de la probabilité inverse de traitement (IPTW). Les analyses ont été stratifiées en fonction des antécédents psychiatriques.

 

Résultats

Létude a comparé 69 786 nouveaux utilisateurs de finastéride à 217 577 nouveaux utilisateurs de dutastéride (âge médian : 72,0 ans [Q1Q3 = 64,580,2] vs. 71,1 [Q1Q3 = 65,079,2]). Au cours du suivi, 18 décès par suicide (0,57/1000 annéespersonnes) et 34 hospitalisations pour automutilation (1,08/1000) sont survenus chez les utilisateurs de finastéride, contre 47 décès (0,43/1000) et 87 hospitalisations (0,79/1000) chez les utilisateurs de dutastéride.

Dans lensemble, le finastéride na pas été associé à un risque accru dissue suicidaire (rapport de risque ajusté par lIPTW = 1,21 [intervalle de confiance à 95 % : 0,871,67]), de décès par suicide ou dhospitalisation pour automutilation. Cependant, chez les personnes ayant des antécédents de troubles de lhumeur, le finastéride a été associé à un risque accru de toute issue suicidaire (25 contre 46 événements ; HR = 1,64 [IC à 95 % 1,002,68]), de décès par suicide (8 contre 10 événements ; HR = 2. 71 [IC à 95 % 1,076,91]), dautomutilation par des moyens violents (6 contre 6 événements ; HR = 3,11 [IC à 95 % 1,019,61]) et dautomutilation avec admission dans une unité de soins intensifs (7 contre 5 événements ; HR = 3,97 [IC à 95 % 1,2612,5]). Aucun de ces risques nétait significativement plus élevé chez les personnes nayant pas dantécédents psychiatriques.

 

Conclusion

Ces résultats ne confirment pas lexistence dun risque suicidaire accru lié à lutilisation du finastéride dans le traitement de lhypertrophie bénigne de la prostate. Un risque accru ne peut toutefois être exclu chez les hommes ayant des antécédents de troubles de lhumeur, mais ce résultat basé sur un nombre limité dévénements doit être interprété avec prudence.

Accès à l'article

Retrouvez l’article sur le site de Scientific Reports