Le 14 août 2023

IPP et infections graves chez l’enfant

Des membres d'EPI-PHARE co-signent un article dans JAMA Pediatrics : Proton Pump Inhibitor Use and Risk of Serious Infections in Young Children
Introduction

L’utilisation d’inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) peut entraîner des infections par le biais d’une altération du microbiote ou d’une action directe sur le système immunitaire. Cependant, seules quelques études ont été menées chez les enfants, avec des résultats contradictoires.

L’objectif de cette étude était d’évaluer les associations entre l’utilisation des IPP et les infections graves chez les enfants, globalement et par site d’infection et agent pathogène.

 

Méthodes

Cette étude de cohorte nationale a été réalisée à partir du Registre EPI-MERES Mère-Enfant construit à partir du Système National des Données de Santé (SNDS). Nous avons inclus tous les enfants nés entre le 1er janvier 2010 et le 31 décembre 2018, qui ont reçu un traitement pour le reflux gastro-œsophagien ou d’autres troubles liés à l’acidité gastrique, à savoir les IPP, les antagonistes des récepteurs de l’histamine 2 ou les antiacides/alginates. La date index a été définie comme la première date à laquelle l’un de ces médicaments a été délivré. Les enfants ont été suivis jusqu’à leur admission à l’hôpital pour une infection grave, la perte du suivi, le décès ou le 31 décembre 2019.

 

Les associations entre les infections graves et la prise d’IPP ont été estimées par des rapports de risque ajustés (RRA) et des IC à 95 % à l’aide de modèles de Cox. L’utilisation des IPP a été introduite comme variable dans le temps. Un décalage de 30 jours a été appliqué pour minimiser la causalité inverse. Les modèles ont été ajustés en fonction des données sociodémographiques, des caractéristiques de la grossesse, des comorbidités de l’enfant et de l’utilisation des soins de santé.

 

Résultats

La population étudiée comprenait 1 262 424 enfants (suivi médian [IQR], 3,8 [1,8-6,2] ans), dont 606 645 ayant reçu des IPP (323 852 garçons [53,4 %] ; âge médian [IQR] à la date de l’indice, 88 [44-282] jours) et 655 779 n’ayant pas reçu d’IPP (342 454 garçons [52,2 %] ; âge médian [IQR], 82 [44-172] jours). L’exposition aux IPP a été associée à un risque accru d’infections graves dans l’ensemble (aHR, 1,34 ; IC à 95 %, 1,32-1,36). Des risques accrus ont également été observés pour les infections du tube digestif (HRa, 1,52 ; IC à 95 %, 1,48-1,55), de la sphère oto-rhino-laryngologique (HRa, 1,47 ; IC à 95 %, 1,41-1,52), des voies respiratoires inférieures (HRa, 1,22 ; IC à 95 %, 1,19-1. 25) ; les reins ou les voies urinaires (aHR, 1,20 ; IC à 95 %, 1,15-1,25) ; et le système nerveux (aHR, 1,31 ; IC à 95 %, 1,11-1,54) et pour les infections bactériennes (aHR, 1,56 ; IC à 95 %, 1,50-1,63) et virales (aHR, 1,30 ; IC à 95 %, 1,28-1,33).

 

Conclusion

Dans cette étude, l’utilisation des IPP a été associée à des risques accrus d’infections graves chez les jeunes enfants. Les inhibiteurs de la pompe à protons ne devraient pas être utilisés sans indication claire dans cette population.

Accès à l'article

Retrouvez l’article sur le site de JAMA Pediatrics